Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3, 14-21
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière: il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
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Nous sommes chrétiens car nous croyons que Dieu nous aime
Dieu a tellement aimé le monde, phrase centrale de l’évangile de Jean. Je m’émerveille chaque fois devant ces quelques paroles douces comme le miel, tonifiantes comme une promenade au bord de la mer. Voilà des paroles que je dois savourer tous les jours et auxquelles je dois m’agripper aux différents passages de ma vie. Elles doivent m’accompagner dans mes chutes, dans mes nuits, dans mes désillusions.
Dieu a tellement aimé… et la nuit de Nicodème, comme les miennes s’illuminent. Je peux ici renaître. Chaque jour. Renaître à la confiance, à l’espérance, à la sérénité, à la paix, au désir d’aimer, de travailler et de créer, de garder et de prendre soin des personnes, des talents et des créatures, de tout ce petit jardin que Dieu m’a confié.
Non seulement l’homme, mais c’est le monde qui est aimé, la terre est aimée, les animaux et les plantes et la création tout entière. Et s’il a aimé la terre, je dois moi aussi l’aimer, avec ses espaces, ses enfants, son vert, ses fleurs… Et s’il a aimé le monde et sa fragile beauté, alors moi aussi je devrais aimer le créé comme moi-même, l’aimer comme mon prochain : « mon prochain est tout ce qui vit » (Gandhi).
Jésus nous a révélé que Dieu considère le monde, chaque homme, ce petit moi de rien à qui il a donné un cœur, plus important que lui. Pour m’acquérir il s’est perdu lui-même. Folie d’amour.
Dieu a tellement aimé : la beauté de ce verbe au passé composé, pour indiquer non pas une espérance ou une attente, mais une sécurité, un fait certain, et le monde en est imprégné : « notre difficulté est que nous n’avons pas conscience que nous sommes immergés dans un océan d’amour ». La Bible commence par un “tu es aimé” et s’achève par un “tu aimeras”. Nous ne sommes pas chrétiens parce que nous aimons Dieu. Nous le sommes parce que nous croyons que Dieu nous aime.
Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Dieu ne dresse pas contre nous un procès. Il ne condamne pas, il ne cherche pas à équilibrer les comptes, il ne nous n’absout même pas. Car la vie de ceux que Dieu aimé n’est pas à la mesure d’un tribunal, mais à celle d’une étreinte en plénitude.
Pour que le monde soit sauvé : sauver veut dire conserver… Oui, rien ne sera perdu, aucun soupir, aucune larme, aucune brindille, aucune fatigue généreuse, aucune patience douloureuse, aucun geste d’amour si petit et caché soit-il. Et si je peux empêcher un cœur de se briser, si je peux soulager la douleur d’une vie ou alléger une peine, ou même aider un oisillon tombé à retrouver son nid je n’aurais pas vécu en vain.
Bon dimanche
Fr. Thierry, O.SS.T.