Evangile selon saint Jean 14, 15-16. 23b-26
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
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La mesure de l’amour sans mesure
L’Esprit vient, selon l’Évangile de Jean, léger et tranquille comme un souffle : « Il souffla sur eux et dit : Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 22). L’Esprit vient, dans le récit de Luc, sous forme d’énergie, de courage, de vent qui ouvre les portes et donne des paroles de feu (Ac 2, 2ss). L’Esprit vient, dans l’expérience de Paul, comme un don, une beauté, un génie différent pour chacun (Ga 5, 22). Trois manières différentes pour dire que l’Esprit connaît et féconde tous les chemins de la vie, brise le moule, est une énergie imprudente, il ne dépend pas de l’histoire mais la fait dépendre de son vent libre et créateur.
L’Esprit est le débordement d’un amour qui presse, répand, ouvre le chemin du cœur de l’homme. Effusion de vie : Dieu verse la vie. Il n’a pas créé l’homme pour réclamer sa vie, mais pour réveiller la source submergée de toutes ses énergies. Effusion ardente : l’Esprit apporte en don l’embrasement du cœur des disciples d’Emmaüs, la haute température de l’âme qui s’oppose à l’apathie du cœur.
Merveille du premier jour : Comment se fait-il que nous les entendions parler chacun notre langue maternelle ? L’Esprit de Dieu s’adresse à cette part profonde et originelle qui est en chacun et qui précède toutes les divisions de race, de nation, de richesse, de culture, d’âge. La langue maternelle de chaque homme est l’amour. L’Esprit non seulement recompose la fracture de Babel, il fait plus : il parle le langage commun, de la fête et de la douleur, de la lassitude et de la force, de la paix et du rêve d’amour. La Parole de Dieu devient mon langage, ma passion, ma vie, mon feu.
Dans la messe de la Pentecôte, nous répéterons certaines des paroles les plus fortes de la Bible: la terre est remplie de ton Esprit Seigneur (Ps 103). C’est plein. Toute la terre. Chaque créature. Il est plein même si ce n’est pas évident, même si le monde apparaît au contraire plein d’injustice, de sang, de folie. C’est un acte de foi qui apporte joie et confiance dans toutes les rencontres.
Le monde est un immense sanctuaire. Il est là, sur l’abîme du monde et dans ceux du cœur. Même si cela nous paraît impossible. Il entre par des portes closes, par des fissures presque invisibles, il se met en mouvement, suscite de l’énergie. Regardez autour de vous, écoutez les profondeurs du cosmos et le souffle du cœur : la terre est pleine de Dieu.
Cherchez la beauté salvatrice, l’amour dans chaque amour. Pleine est la terre. Et le souffle infatigable de Dieu apporte le pollen du printemps et disperse les cendres de la mort.
Bon dimanche
Fr. Thierry, O.SS.T.